Chapitre
premier
Constitution
dogmatique sur l’Eglise
Lumen
Gentium
21
novembre 1964
Lumen
Gentium est « la
partie maîtresse qui porte et dessine l’ossature de tout l’édifice[1] »
(Cardinal Etchegaray).
Chapitre premier :
Le mystère de l’Eglise (1-8)
L’Eglise présentée comme
objet de foi (Credo), l’Eglise comme
« mystère » : « Le concile a présenté l’Eglise considérée
dans la totalité de ses membres, en partant de la Trinité. Tel est le sens
fondamental de l’expression ‘le mystère de l’Eglise’ […] Parler du
mystère de l’Eglise, c’est dire que l’Eglise est le fruit de l’action de Dieu
dans l’histoire des hommes par le Christ dans l’Esprit Saint. […] Au sens
chrétien du mot, le Mystère n’est pas le pur invisible, mais l’invisible du
dessein de Dieu se rendant peu à peu visible, s’offrant humainement à nous[2] »
(Mgr. Raymond Bouchex).
Introduction
(n°1) : l’Eglise
« sacrement », « pour exprimer le Mystère de l’Eglise, le
concile utilise plusieurs fois le mot de sacrement[3] ».
« L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement,
c’est-à-dire à la fois le signe et le
moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain,
elle se propose de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour
le monde entier, en se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles, sa
propre nature et sa mission universelle. »
Les n°2-4 ont une
structure trinitaire. Citation de St. Cyprien : l’Eglise universelle
apparaît comme un « peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du
Fils et de l’Esprit-Saint ».
Le
Royaume de Dieu (n°5)
Les
images de l’Eglise (n°6) :
le bercail, le troupeau, le terrain de culture ou champ de Dieu, la
construction de Dieu, la Jérusalem d’en haut, notre mère. L’Eglise « exilée » : « Tant qu’elle chemine
sur cette terre, loin du Seigneur (cf. 2 Co 5, 6), l’Église se considère
comme exilée, en sorte qu’elle est en quête des choses d’en haut et en garde le
goût, tournée là où le Christ se trouve, assis à la droite de Dieu, là où la
vie de l’Église est cachée avec le Christ en Dieu, attendant l’heure où, avec
son époux, elle apparaîtra dans la gloire (cf. Col 3, 1- 4). »
L’Eglise,
Corps mystique du Christ (n°7) : les membres de l’Eglise
sont pèlerins sur cette terre, le Christ est la tête du Corps ecclésial,
l’Esprit Saint en est l’âme.
L’Eglise,
à la fois visible et spirituelle (n°8) : « Le
sacrement tient tout de Dieu, et il est pour les hommes. Dans l’expression de
l’Eglise sacrement, nous trouvons la nécessité de faire l’unité, une unité
difficile, toujours à refaire, entre identité chrétienne et mission, présence à
Dieu et présence aux hommes[4] ».
« Mais, comme c’est dans la pauvreté et la persécution que le Christ a
opéré la rédemption, l’Église elle aussi est appelée à entrer dans cette même
voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut. Le Christ Jésus « qui
était de condition divine s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave » (Ph
2, 6), pour nous « il s’est fait pauvre, de riche qu’il était » (2 Co 8,
9). Ainsi l’Église, qui a cependant
besoin pour remplir sa mission de ressources humaines, n’est pas faite pour
chercher une gloire terrestre mais pour répandre, par son exemple aussi,
l’humilité et l’abnégation. » « L’Église, elle, enferme des
pécheurs dans son propre sein, elle est donc à la fois sainte et toujours
appelée à se purifier, poursuivant
constamment son effort de pénitence et de renouvellement. L’Église avance
dans son pèlerinage à travers les
persécutions du monde et les consolations de Dieu, annonçant la croix et la
mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (cf. 1 Co 11, 26). La vertu du Seigneur ressuscité est sa
force pour lui permettre de vaincre dans la patience et la charité les
afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans, et de révéler fidèlement au
milieu du monde le mystère du Seigneur, encore enveloppé d’ombre, jusqu’au jour
où, finalement, il éclatera dans la pleine lumière. » L’Eglise est grande
dans la mesure où elle suit l’exemple de son divin Maître, refusant la
tentation des richesses et d’un prestige simplement humain. Elle n’est pas
« installée » sur cette terre comme le serait une institution
politique. L’esprit qui l’anime n’est pas celui d’une volonté de puissance ou
de domination mais bien de service. Même si de par son aspect humain elle a
besoin d’une organisation, elle n’en demeure toujours pas moins en pèlerinage,
tendue vers son achèvement dans le royaume de Dieu à la fin des temps (→
chapitre VII). L’Eglise étant le rassemblement des disciples du Christ elle
est, comme eux, dans le monde sans être du monde (cf. Jean 17, 14-19).
Chapitre II :
Le peuple de Dieu (9-17)
La
Nouvelle Alliance et le peuple nouveau (n°9) :
cette manière d’appeler l’Eglise met en avant la dimension communautaire de la relation du chrétien à Dieu.
« Le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la
sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu en
faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la
sainteté.» Le concile présente ainsi le peuple de Dieu ou peuple
messianique :
« Ce peuple
messianique a pour chef le Christ, « livré pour nos péchés, ressuscité pour
notre justification » (Rm 4, 25), possesseur désormais du Nom qui est
au-dessus de tout nom et glorieusement régnant dans les cieux. Le statut de ce
peuple, c’est la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur de qui,
comme dans un temple, habite l’Esprit Saint. Sa loi, c’est le commandement
nouveau d’aimer comme le Christ lui-même nous a aimés (cf. Jn 13, 34).
Sa destinée enfin, c’est le Royaume de Dieu, inauguré sur la terre par Dieu
même, qui doit se dilater encore plus loin jusqu’à ce que, à la fin des
siècles, il reçoive enfin de Dieu son achèvement, lorsque le Christ notre vie
sera apparu (cf. Col 3, 4) et que « la création elle-même sera
affranchie de l’esclavage de la corruption pour connaître la glorieuse liberté
des enfants de Dieu » (Rm 8, 21). » Ce peuple constitue « le
germe le plus fort d’unité, d’espérance et de salut », il est
« l’instrument de la rédemption de tous les hommes » (sacramentalité
du peuple de Dieu). L’Eglise du Christ, « nouvel Israël », est
« le sacrement visible de cette unité salutaire ». L’Eglise est
« un peuple dont tous les membres sont dotés de la même dignité
fondamentale fondée sur la foi, l’espérance, l’amour, la mission qui viennent
de Dieu Trinité, et sur la même vocation qui est la vocation à la sainteté[5] ».
L’Eglise « prend place dans l’histoire humaine » et en même temps
elle est « transcendante aux limites des peuples dans le temps et dans
l’espace ». « Parce que l’Eglise est peuple de Dieu, elle appartient
à Dieu, et non à tel ou tel clan, à tel ou tel pouvoir humain. Elle ne peut
être récupérée par personne. Elle ne doit se laisser asservir par personne.
Elle doit faire preuve de liberté vis-à-vis de tous les pouvoirs qui essaient
sans cesse de se servir d’elle pour leur propre intérêt. Cet asservissement a
souvent eu lieu dans l’histoire. L’Eglise rencontre sans cesse de telles
tentations. Se rappeler qu’elle est le peuple de Dieu doit l’aider à garder
cette liberté. […] Peuple de Dieu devant garder son identité, elle doit
vivre dans les peuples des hommes. Elle est ‘à part’ et ‘avec’. Elle est
‘autre’ et ‘comme’. Elle est faite des hommes et des peuples. Elle est ni un
ghetto, ni une secte[6] ».
Le
sacerdoce commun (n°10) :
« Les baptisés, en
effet, par la régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour
être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, de façon à offrir, par
toutes les activités du chrétien, autant d’hosties spirituelles, en proclamant
les merveilles de celui qui, des ténèbres, les a appelés à son admirable
lumière (cf. 1 P 2, 4-10). C’est pourquoi tous les disciples du Christ,
persévérant dans la prière et la louange de Dieu (cf. Ac 2, 42-47),
doivent s’offrir en victimes vivantes, saintes, agréables à Dieu (cf. Rm
12, 1), porter témoignage du Christ sur toute la surface de la terre, et rendre
raison, sur toute requête, de l’espérance qui est en eux d’une vie éternelle
(cf. 1 P 3, 15). » C’est donc le sacrement de baptême qui est au
fondement du sacerdoce commun des membres du peuple de Dieu. Comme l’écrit Mgr.
Bouchex, « l’Eglise est un peuple qui, dans la totalité de ses membres,
est un peuple sacerdotal, c’est-à-dire un peuple chargé au milieu des hommes de
rendre à Dieu le vrai culte des sacrements, de la prière, de la vie humaine
vécue dans la sainteté[7] ».
C’est par une participation à l’unique sacerdoce du Christ que le peuple de
Dieu est tout entier sacerdotal. Entre le sacerdoce commun des fidèles et le
sacerdoce ministériel ou hiérarchique il existe « une différence
essentielle » mais l’un et l’autre découlent de l’unique sacerdoce du Christ.
L’exercice
du sacerdoce commun dans les sacrements (n°11) :
Dans le sacrement de mariage l’homme et la femme avec leurs enfants constituent
une « Eglise domestique », l’Eglise du foyer et de la famille (cf. Gaudium et Spes n°47-52). Le chapitre V
est déjà annoncé : « Pourvus de moyens salutaires d’une telle
abondance et d’une telle grandeur, tous
ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de
vie, sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la
perfection est celle même du Père. »
Le
sens de la foi et les charismes dans le peuple chrétien (n°12) :
« Le peuple saint de Dieu participe aussi de la fonction prophétique du
Christ : il répand son vivant
témoignage avant tout par une vie de foi et de charité, il offre à Dieu un
sacrifice de louange ». Au n°4 le concile affirme que l’Esprit Saint
est la source de « la diversité des dons hiérarchiques et
charismatiques ». Les charismes sont des « grâces spéciales qui
rendent apte et disponible pour assumer les diverses charges et offices utiles
au renouvellement et au développement de l’Église, suivant ce qu’il est dit : «
C’est toujours pour le bien commun que le don de l’Esprit se manifeste dans un
homme » (1 Co 12, 7). »
L’universalité
ou catholicité de l’unique peuple de Dieu (n°13) :
« A faire partie du peuple de Dieu, tous les hommes sont appelés ».
« Ainsi donc, à cette unité catholique du Peuple de Dieu qui préfigure et
promeut la paix universelle, tous les hommes sont appelés ; à cette unité
appartiennent sous diverses formes ou sont ordonnés, et les fidèles catholiques
et ceux qui, par ailleurs, ont foi dans le Christ, et finalement tous les
hommes sans exception que la grâce de Dieu appelle au salut. » Le principe
de l’inculturation de la foi est mentionné (→ Gaudium et Spes 44,2).
Les
fidèles catholiques (n°14) : L’Eglise est
nécessaire au salut mais l’incorporation à l’Eglise n’assure pas de manière
automatique le salut. Le concile cite saint Augustin à ce sujet :
« L’incorporation à l’Église, cependant, n’assurerait pas le salut pour
celui qui, faute de persévérer dans la charité, reste bien « de corps » au sein
de l’Église, mais pas « de cœur». Tous les fils de l’Église doivent d’ailleurs
se souvenir que la grandeur de leur condition doit être rapportée non à leurs
mérites, mais à une grâce particulière du Christ ; s’ils n’y correspondent pas
par la pensée, la parole et l’action, ce n’est pas le salut qu’elle leur
vaudra, mais un plus sévère jugement[8]. »
Les
liens de l’Eglise avec les chrétiens non-catholiques (n°15) :
ce numéro sera repris et développé dans le décret sur l’œcuménisme (→ Unitatis Redintegratio) promulgué le
même jour que Lumen Gentium. Sont
abordées les relations de l’Eglise catholique avec les Eglises orthodoxes et
les communautés ecclésiales protestantes. En vue de l’unité des chrétiens,
« l’Église notre Mère ne cesse de prier, d’espérer et d’agir, exhortant
ses fils à se purifier et à se renouveler pour que, sur le visage de l’Église,
le signe du Christ brille avec plus de clarté. » → Encyclique de Jean-Paul
II sur l’engagement œcuménique, Ut unum
sint, du 25 mai 1995.
Les
non-chrétiens (n°16) : Ce numéro sera repris et
développé par la déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions
non chrétiennes (→ Nostra Aetate) du
28/X/1965. C’est le dialogue interreligieux à ne pas confondre avec
l’œcuménisme. « Ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent
l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur
sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à
accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte,
eux aussi peuvent arriver au salut éternel. » Le concile reprend la notion
de « préparation évangélique » (Eusèbe de Césarée) pour l’appliquer
aux agnostiques : « À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne
sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent,
non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne
refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez
eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une
préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour
que, finalement, il ait la vie. » L’athéisme est rapidement mentionné. Il
faudra attendre Gaudium et Spes pour
que le concile nous livre une réflexion profonde sur ce thème (n°19-21).
Le
caractère missionnaire de l’Eglise (n°17) :
« Son activité n’a qu’un but : tout ce qu’il y a de germes de bien
dans le cœur et la pensée des hommes ou dans leurs rites propres et leur
culture, non seulement ne pas le laisser perdre, mais le guérir, l’élever,
l’achever pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de
l’homme. À tout disciple du Christ incombe pour sa part la charge de
l’expansion de la foi. » Relevons cette belle formulation
trinitaire : « Ainsi, l’Église unit prière et travail pour que le
monde entier dans tout son être soit transformé en Peuple de Dieu, en Corps du
Seigneur et temple du Saint-Esprit, et que soient rendus dans le Christ, chef
de tous, au Créateur et Père de l’univers, tout honneur et toute gloire. »
→ Décret sur l’activité
missionnaire de l’Eglise (Ad Gentes)
→ Exhortation
apostolique de Paul VI sur l’évangélisation dans le monde moderne, Evangelii nuntiandi, du 8 décembre 1975.
→ Encyclique de
Jean-Paul II sur l’activité missionnaire de l’Eglise, Redemptoris missio, du 7 décembre 1990.
Chapitre III :
La constitution hiérarchique de l’Eglise et spécialement l’épiscopat (18-29)
Introduction
(n°18) : une étymologie possible du mot
hiérarchie du grec iereus (prêtre) et
archè (tête). « C’est d’abord le
Christ qui est le prêtre-tête, et en dépendance de lui les apôtres et leurs
successeurs dont la Constitution rappelle à grands traits l’histoire[9] ».
Vatican I avait parlé du pape, Vatican II poursuit la réflexion sur la
hiérarchie en parlant des évêques. Un décret, → Christus Dominus, du 28/X/1965 sera même consacré à la charge
pastorale des évêques dans l’Eglise.
→ Jean-Paul II,
exhortation apostolique Pastores gregis
sur l’évêque serviteur de l’Evangile de Jésus-Christ pour l’espérance du monde
(16 octobre 2003).
L’institution
des Douze (n°19) : le collège des apôtres. « Le
Seigneur Jésus, après avoir longuement prié son Père, appela à lui ceux qu’il
voulut et en institua douze pour en faire ses compagnons et les envoyer prêcher
le Royaume de Dieu (cf. Mc 3, 13-19 ; Mt 10, 1-42) ; à cette institution
des Apôtres (cf. Lc 6, 13), il donna la forme d’un collège, c’est-à-dire d’un
groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux (cf. Jn
21, 15-17). »
Les
évêques successeurs des apôtres (n°20) : ils sont d’institution
divine, « les sarments par lesquels se transmet la semence
apostolique » (Tertullien). Les trois charges des évêques, pasteurs du
troupeau, sont « le magistère doctrinal », « le sacerdoce du
culte sacré » et « le ministère du gouvernement ».
La
sacramentalité de l’épiscopat (n°21) : l’épiscopat est « la plénitude du
sacrement de l’Ordre ». L’évêque exerce son ministère en
« communion hiérarchique avec le
chef du collège et ses membres. » « Les évêques, d’une façon éminente
et patente, tiennent la place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife et
agissent en sa personne ».
Le
collège épiscopal et son chef (n°22) : De même qu’il
y avait au commencement le collège des
Douze avec Pierre à sa tête, il y a aujourd’hui dans l’Eglise le collège des évêques avec le pape à leur
tête. Le Pontife romain (l’évêque de Rome ou pape) a sur l’Eglise « un
pouvoir plénier, suprême et universel ». Les évêques ont « un pouvoir
suprême et plénier ». Chaque évêque a un « pouvoir propre »
particulièrement sur l’Eglise particulière qui lui est confiée (le diocèse).
Les conciles sont une manifestation du collège épiscopal dans l’Eglise[10].
Les
relations à l’intérieur du collège[11]
(n°23) : Le
Pontife romain est « le principe perpétuel et visible et le fondement de
l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des
fidèles ». Les évêques sont, chacun pour leur part, « le principe
et le fondement de l’unité dans leurs Eglises particulières ».
« Celles-ci sont formées à l’image de l’Église universelle, c’est en elles
et par elles qu’existe l’Église catholique une et unique. C’est pourquoi chaque
évêque représente son Église, et, tous ensemble, avec le pape, représentent
l’Église universelle dans le lien de la paix, de l’amour et de l’unité. »
Les conférences épiscopales nationales (ou régionales ou continentales) sont un
moyen de vivre cette collégialité entre les évêques d’un même pays.
Le
ministère épiscopal (n°24) : « Cette charge, confiée par le Seigneur aux
pasteurs de son peuple, est un véritable service : dans la Sainte Écriture,
il est appelé expressément diakonia ou ministère (cf. Ac 1,
17.25 ; 21, 19 ; Rm 11, 13 ; 1 Tm 1, 12). »
La
fonction d’enseignement des évêques (n°25) :
la première charge des évêques est celle de la prédication de l’Evangile. Les
fidèles doivent obéir à l’enseignement autorisé de leurs évêques (assentiment
religieux). L’infaillibilité du Pontife romain est rappelée ainsi que celle de
l’Eglise « pour définir la doctrine concernant la foi et les mœurs »
(→ Vatican I).
La
fonction de sanctification des évêques (n°26) :
par la célébration des sacrements et par leur exemple de vie : « Ils
doivent enfin donner à ceux à la tête desquels ils sont placés, le bénéfice de leur exemple[12],
s’abstenant dans leur conduite de tout ce qui est mal, et réformant leur
conduite autant qu’ils le peuvent, avec l’aide de Dieu, dans le sens du bien,
en sorte qu’ils puissent parvenir, avec le troupeau qui leur est confié,
jusqu’à la vie éternelle. »
La
fonction de gouvernement des évêques (n°27) :
« Chargés des Églises particulières qui leur sont confiées, les évêques
les dirigent comme vicaires et légats du Christ, par leurs conseils, leurs encouragements, leurs exemples, mais aussi
par leur autorité et par l’exercice du pouvoir sacré, dont l’usage
cependant ne leur appartient qu’en vue de l’édification en vérité et en
sainteté de leur troupeau, se souvenant
que celui qui est le plus grand doit se faire le plus petit, et celui qui
commande, le serviteur (cf. Lc 22, 26-27). Ce pouvoir qu’ils
exercent personnellement au nom du Christ est un pouvoir propre, ordinaire et
immédiat ». « La charge pastorale, c’est-à-dire le soin habituel et
quotidien de leurs brebis, leur est pleinement remise ; on ne doit pas les considérer comme les vicaires des Pontifes romains,
car ils exercent un pouvoir qui leur est propre et, en toute vérité, sont, pour
les peuples qu’ils dirigent, des chefs. Ainsi, leur pouvoir n’est nullement
effacé par le pouvoir suprême et universel ; au contraire, il est affermi,
renforcé et défendu par lui, la forme établie par le Christ Seigneur pour le
gouvernement de son Église étant indéfectiblement assurée par l’Esprit
Saint. » « Envoyé par le père de famille pour gouverner les siens, l’évêque doit garder devant ses yeux l’exemple
du bon Pasteur venu, non pas pour se faire servir, mais servir (cf. Mt
20, 28 ; Mc 10, 45), et donner sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10,
11). » L’évêque doit administrer l’Eglise particulière ou diocèse qui lui
est confiée au beau sens du mot : ad-ministerium
(pour-le service). Le pouvoir propre des évêques s’exerce toujours en communion
avec le pape, c’est-à-dire en union avec lui (cum-unio) et en partageant sa charge (cum-munus)[13].
Les
prêtres dans leur relation au Christ, aux évêques, au presbyterium et au peuple
chrétien (n°28) : → Le décret sur le ministère et la vie
des prêtres (Presbyterorum Ordinis).
Ils sont les coopérateurs des évêques : « ils sont consacrés pour
prêcher l’Évangile et pour être les pasteurs des fidèles et célébrer le culte divin
en vrais prêtres du Nouveau Testament. » Ils sont envoyés à tous les
hommes : « Qu’ils se souviennent qu’ils doivent, par leur comportement quotidien et dans leur sollicitude, montrer
aux fidèles et aux infidèles, aux catholiques et aux non-catholiques, le visage
d’un ministère vraiment sacerdotal et pastoral, et rendre à tous le témoignage de la vérité et de la vie ; être
également comme de bons pasteurs en quête (cf. Lc 15, 4-7) de ceux qui,
malgré le baptême reçu dans l’Église catholique, ont abandonné la pratique des
sacrements ou même la foi. »
→ Encyclique de Paul VI
sur le célibat sacerdotal, Sacerdotalis Caelibatus, du 24 juin
1967.
→ Exhortation
apostolique de Jean-Paul II sur la formation des prêtres dans les circonstances
actuelles, Pastores dabo vobis, du 25
mars 1992.
Les
diacres (n°29) : Le concile a restauré le diaconat
permanent.
Chapitre IV :
Les laïcs (30-38)
Introduction
(n°30) : « Le concile qui a parlé le plus
explicitement et longuement des laïcs[14] ».
Acception
du mot « laïc » (n°31) : du grec laos qui signifie peuple. « Le
caractère séculier est le caractère propre et particulier des laïcs ».
« La vocation propre des laïcs
consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des
choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu. » Ils doivent « travailler comme du dedans à la
sanctification du monde ».
La
dignité des laïcs, membres du peuple de Dieu (n°32) :
c’est sur le baptême que se fonde la dignité commune de tous les membres du
peuple de Dieu. « Quant à la
dignité et à l’activité commune à tous les fidèles dans l’édification du Corps
du Christ, il règne entre tous une véritable égalité. » L’appel
universel à la sainteté (cf. Chapitre suivant) est annoncé. La fraternité entre
les laïcs et les prêtres est encouragée. Citation de saint Augustin : «
D’être là pour vous me remplit de terreur ; mais d’être là avec vous me
rassure. Car pour vous, je suis évêque ; avec vous je suis chrétien. Cela
exprime un devoir, ceci est une grâce ; cela évoque un péril, ceci est le salut.
»
La
vie par rapport au salut et à l’apostolat (n°33) :→
Le décret sur l’apostolat des laïcs (Apostolicam
Actuositatem). 1°/ Coopérer au progrès de l’Eglise et à sa sanctification.
L’apostolat des laïcs comme participation à la mission salutaire de l’Eglise a
sa source dans le Seigneur et dans les sacrements de baptême et de
confirmation. 2°/ Une coopération plus immédiate avec l’apostolat hiérarchique,
participer activement à l’œuvre de salut qui est celle de l’Eglise. → Christus Dominus 17.
Participation
des laïcs au sacerdoce commun et au culte (n°34) :
Les laïcs exercent le culte spirituel à travers leur vie tout entière.
« En effet, toutes leurs activités, leurs prières et leurs entreprises
apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs
détentes d’esprit et de corps, si elles sont vécues dans l’Esprit de Dieu, et
même les épreuves de la vie, pourvu qu’elles soient patiemment supportées, tout
cela devient « offrandes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus Christ » (cf.
1 P 2, 5), et dans la célébration eucharistique, rejoint l’oblation du
Corps du Seigneur pour être offert en toute piété au Père. C’est ainsi que les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-même, rendant
partout à Dieu par la sainteté de leur vie un culte d’adoration. »
Participation
des laïcs à la fonction prophétique du Christ et au témoignage (n°35) :
Les laïcs sont témoins du Christ, particulièrement dans et par le sacrement de
mariage et la vie familiale. Ils coopèrent à l’extension et au progrès du règne
du Christ dans le monde.
Participation
des laïcs au service royal (n°36) : Par les laïcs l’Eglise
« imprègne » le monde, la culture et les œuvres humaines de l’esprit
évangélique. Le concile reconnaît à la cité terrestre une juste autonomie,
celle de la sécularité qui n’est pas à confondre avec le laïcisme. → Gaudium et Spes 36.
Relation
à la hiérarchie (n°37) : la collaboration,
« cette collaboration ne doit pas être construite sur une lutte de
pouvoirs entre le clergé et le laïcat », « respect et reconnaissance
des vocations diverses qui sont faites pour s’enrichir, s’entraider, se
soutenir, s’encourager, y compris par des critiques pleines d’amour en vue de
la vie et de la mission de l’Eglise dans le monde. La collaboration se
développera bien si tous nous nous remettons devant ce pour quoi nous sommes
assemblés : la sainteté, la mission, le salut des hommes, la gloire de
Dieu[15] ».
→ Apostolicam Actuositatem 24.
Conclusion
(n°38) : citation de l’Epitre à Diognète, « ce que l’âme est dans le corps, il faut
que les chrétiens le soient dans le monde ». Le concile « appelle
chacun, non à prendre la place des autres, mais à connaître et à vivre sa
vocation en relation avec les autres vocations, donc à tenir sa place dans le
peuple de Dieu qui est le peuple venant de Dieu, vivant de Dieu et agissant
pour Dieu au milieu du monde… Il y a entre tous une égale dignité quant à la
vie chrétienne, à la vocation à la sainteté, à la fraternité dans le Christ…Le
sacerdoce des évêques et des prêtres est ordonné au sacerdoce commun. Il est à
son service, afin que l’Eglise soit tout entière sacerdotale[16] ».
→ Exhortation
apostolique de Jean-Paul II sur la vocation des laïcs, fidèles du Christ, Christifideles laici, du 30 décembre
1988.
Chapitre V :
L’appel universel à la sainteté dans l’Eglise (39-42)
Introduction
(n°39) : L’Eglise est sainte. La sainteté, c’est
« la charité parfaite ». La sainteté de l’Eglise et de ses membres a
sa source dans le Dieu trois fois Saint, c’est « la plénitude de la vie et
de l’amour… Les plus grands dans l’Eglise sont les saints[17] ».
La pratique des conseils évangéliques manifeste au plus haut point la réponse à
l’appel universel à la sainteté.
L’appel
universel à la sainteté (n°40) : « Il est donc
bien évident pour tous que l’appel à la
plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à
tous ceux qui croient au Christ, quel que soit leur état ou leur forme de vie ».
Répondre à cet appel c’est aimer Dieu et son prochain dans l’Esprit Saint à la
suite du Christ. La sanctification est reçue gratuitement au baptême.
Les
formes multiples d’exercice de la sainteté (n°41) :
« Ainsi donc tous ceux qui croient au Christ iront en se sanctifiant
toujours plus dans les conditions, les charges et les circonstances qui sont
celles de leur vie et grâce à elles, si cependant ils reçoivent avec foi toutes
choses de la main du Père céleste et coopèrent à l’accomplissement de la
volonté de Dieu, en faisant paraître aux yeux de tous, dans leur service
temporel lui-même, la charité avec laquelle Dieu a aimé le monde. » La
sainteté correspond de notre part à une fidélité toujours plus grande à notre
devoir d’état. Le concile énumère les membres de la hiérarchie (les pasteurs)
et les diacres, les époux et les parents, les ouvriers, les pauvres, les
malades et les persécutés.
Voies
et moyens de la sainteté (n°42) : « Tous les fidèles du Christ sont donc
invités et obligés à poursuivre la sainteté et la perfection de leur état.
Qu’ils veillent tous à régler comme il faut leurs affections pour que l’usage
des choses du monde et un attachement aux richesses contraire à l’esprit de
pauvreté évangélique ne les détournent pas de poursuivre la perfection de la
charité ». → Gaudium et Spes 37,4.
Le don premier et le plus nécessaire sur le chemin de la sainteté est celui de
la vertu de charité (la marque du « véritable disciple du Christ »).
Viennent ensuite divers moyens comme la Parole de Dieu, les sacrements etc. Le
martyre est la « preuve suprême de la charité ». Les conseils
évangéliques sont aussi des moyens de parvenir à la sainteté par la virginité
ou le célibat consacré, la pauvreté et l’obéissance.
Chapitre VI :
Les religieux (43-47)
→ Décret sur la
rénovation et l’adaptation de la vie religieuse : Perfectae Caritatis.
→ Exhortation
apostolique de Jean-Paul II sur la place de la vie consacrée dans l’Eglise, Redemptionis donum, du 25 mars 1984.
→ Exhortation
apostolique de Jean-Paul II sur la vie consacrée et sa mission dans l’Eglise et
dans le monde, Vita consecrata, du 25
mars 1996.
La
profession des conseils évangéliques dans l’Eglise (n°43) : « C’est
la première fois qu’un concile parle aussi explicitement et longuement de la
vie religieuse[18] ».
La vie religieuse est un don de Dieu. « Cet état de vie, compte tenu de la constitution divine et
hiérarchique de l’Église, ne se situe
pas entre la condition du clerc et celle du laïc. Dieu y appelle des
fidèles du Christ de l’une et de l’autre condition pour jouir dans la vie de
l’Église de ce don spécial et servir à la mission salutaire de l’Église, chacun
à sa manière. »
Nature
et importance de l’état religieux dans l’Eglise (n°44) : « L’état
de vie constitué par la profession des conseils évangéliques, s’il ne concerne
pas la structure hiérarchique de l’Église, appartient donc cependant sans
conteste à sa vie et à sa sainteté. » La vie religieuse est imitation de
la vie du Christ. « La vie consacrée est fondée dans le baptême. Le
baptême fait entrer dans le peuple des consacrés par Dieu et à Dieu. La vie
religieuse est la consécration du baptême vécue dans sa radicalité. Elle est
consécration par Dieu et à Dieu en vue de rendre à Dieu le culte parfait de la
vie vécue dans l’amour. Par là elle est le rappel de la vocation de tous à la
sainteté. Cette consécration prend la forme des trois vœux… Elle rappelle à
tout le peuple de Dieu (évêques, prêtres, diacres, laïcs) le but de sa marche
qui est le Royaume déjà présent et à venir[19] ».
La vie religieuse rappelle donc à l’Eglise qu’elle est en pèlerinage sur cette
terre, tout entière tendue vers l’accomplissement du Royaume de Dieu (cf. le
chapitre suivant).
L’autorité
de l’Eglise à l’égard des religieux (n°45) : → Droit
Canon.
Grandeur
de la consécration religieuse (n°46) : La vie
religieuse est présentée comme une manifestation du Christ aux fidèles comme
aux infidèles. « Nul ne doit penser que les religieux par leur
consécration deviennent étrangers aux hommes ou inutiles dans la cité
terrestre. Car s’ils ne sont pas toujours directement présents aux côtés de
leurs contemporains, ils leur sont présents plus profondément dans le cœur du
Christ, coopérant spirituellement avec eux, pour que la construction de la cité
terrestre ait toujours son fondement dans le Seigneur et soit orientée vers
lui, afin que ceux qui bâtissent ne risquent pas de peiner en vain. »
Conclusion
(n°47)
Chapitre VII :
Le caractère eschatologique de l’Eglise en marche et son union avec l’Eglise du
ciel (48-51)
N°48 :
Le Royaume est déjà-là mais pas encore parvenu à sa plénitude. L’Eglise est
donc en pèlerinage, les chrétiens en exil, ce qui implique de leur part la
vigilance spirituelle dans l’attente du jugement particulier (à la mort) et du
jugement dernier (lors du retour du Christ en gloire = parousie). « L’Eglise
vient de la Trinité et elle va à la Trinité. Elle est un peuple en marche.
Venant du Père grâce à l’envoi du Christ et de l’Esprit Saint, elle est un
peuple en pèlerinage, dont le but est l’alliance pleine avec Dieu[20] ».
La
communion entre l’Eglise du ciel et l’Eglise de la terre (n°49) : Dans
la communion des saints il n’y a qu’une seule Eglise vivant en différents
états : Eglise en pèlerinage, purgatoire et paradis.
Les
rapports de l’Eglise de la terre avec l’Eglise du ciel (n°50) : Le
concile mentionne la prière pour les défunts, le culte des martyrs, des saints
et de la Vierge. La sainteté est définie comme l’union parfaite avec le Christ.
Et la vie des saints est pour nous un nouveau stimulant, un chemin très sûr.
Dieu nous parle par les saints. Saint François de Sales disait : « Je
ne vois pas d’autre différence entre l’Evangile et la vie des saints que celle
qui existe entre une partition notée et une partition chantée ». La
communauté avec les saints nous unit au Christ. C’est surtout par la liturgie
(l’eucharistie au plus haut point) que notre union avec l’Eglise du ciel se
réalise.
Directives
pastorales (n°51) : Dans la vie de l’Eglise il peut y
avoir (eu) des abus, des excès ou des manques concernant le culte des saints. Le culte authentique des saints consiste à
les imiter. Il n’y a pas d’opposition entre l’honneur rendu aux saints et
le culte d’adoration dû à la Trinité, mais au contraire un enrichissement pour
notre vie spirituelle.
→ Exhortation
apostolique de Jean-Paul II, Redemptoris
custos, sur saint Joseph (15/08/1989).
Chapitre VIII :
La bienheureuse Vierge Marie Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de
l’Eglise (52-69)
→ Sacrosanctum Concilium n°103.
→ Paul VI et Jean-Paul II
ont été des papes très attachés à la dévotion mariale comme le montrent de
nombreux enseignements de leur pontificat :
Deux encycliques de
Paul VI sur les mois mariaux : mai (Mense
Maio du 29 avril 1965) et octobre (Christi
Matri du 15 septembre 1966) et une exhortation apostolique du même pape
consacrée au culte marial : Cultus
marialis du 22 mars 1974. Une encyclique de Jean-Paul II sur la Vierge
Marie, Redemptoris mater, du 25 mars
1987. La devise de Jean-Paul II, « Totus
tuus », fait référence à la dévotion et à la consécration à Marie
selon la spiritualité de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
Vatican II est
« le concile qui, de toute l’histoire de l’Eglise, a parlé le plus
longuement de Marie. La nouveauté réside dans le fait qu’il en a parlé dans la
Constitution sur l’Eglise[21] ».
La
Sainte Vierge dans le mystère du Christ (n°52)
La
Sainte Vierge et l’Eglise (n°53) : Elle est « un membre suréminent et absolument unique
de l’Eglise ». « Dans cette réalisation et cette révélation du
dessein de Dieu, Marie occupe une place unique en étant la mère du Christ. Et
dans la communion des saints, elle a la même place unique en étant la
toute-sainte. De la sorte, elle est, d’une certaine manière, la
personnification, la figure et le modèle de l’Eglise[22] ».
Intention
du Concile (n°54) : Marie comme « celle qui occupe dans la Sainte Eglise la place la
plus élevée au-dessous du Christ et nous est toute proche ».
La
Mère du Messie dans l’Ancien Testament (n°55) :
« La fille de Sion par excellence ».
Marie
à l’Annonciation (n°56) : Immaculée Conception,
« fille d’Adam », Nouvelle Eve (références aux Pères de l’Eglise).
Dans son encyclique consacrée à Marie (Redemptoris
Mater, 25/03/1987), le pape Jean-Paul II cite ce numéro de Lumen Gentium et saint Irénée :
« Le nœud de la désobéissance d’Eve a été dénoué par l’obéissance de
Marie, car ce que la vierge Eve avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie
l’a délié par sa foi » (n°19).
La
Sainte Vierge et l’enfance de Jésus (n°57)
La
Sainte Vierge et le ministère public de Jésus (n°58) : « Son pèlerinage de foi » : cette
expression de Lumen Gentium sera reprise
et développée par Jean-Paul II dans son encyclique mariale Redemptoris Mater.
La
Sainte Vierge après l’Ascension (n°59) : Assomption,
Marie Reine de l’univers.
Marie,
servante du Seigneur (n°60-62) : Rappel de l’unique médiateur, le Christ. « En concevant le
Christ, en le mettant au monde, en le nourrissant, en le présentant dans le
Temple à son Père, en souffrant avec son Fils qui mourait sur la croix, elle
apporta à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son
obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue
aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère. »
A nouveau le concile affirme au n°62 l’unique médiation du Christ. C’est dans
la lumière de cette vérité que se situent le rôle et l’intercession de Marie à
notre égard. « Ce rôle subordonné de Marie » est expliqué par une
analogie : « Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé
sous des formes diverses, tant par les ministres que par le peuple fidèle, et
tout comme l’unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses
dans les créatures, ainsi l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais
suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en
dépendance de l’unique source. »
→ Jean-Paul II, Redemptoris Mater, troisième
partie : « La médiation maternelle ».
Marie,
modèle de l’Eglise (n°63.64) : « dans le mystère
de l’Église, qui reçoit elle aussi à juste titre le nom de Mère et de Vierge,
la bienheureuse Vierge Marie occupe la première place, offrant, à un titre
éminent et singulier, le modèle de la vierge et de la mère : par sa foi et son
obéissance, elle a engendré sur la terre le Fils lui-même du Père, sans
connaître d’homme, enveloppée par l’Esprit Saint, comme une nouvelle Ève qui
donne, non à l’antique serpent, mais au messager de Dieu, une foi que nul doute n’altère. » L’Eglise « devient à
son tour une Mère… Elle est aussi vierge » (n°64).
Les
vertus de Marie, modèle pour l’Eglise (n°65) :
« En se recueillant avec piété dans la pensée de Marie, qu’elle contemple
dans la lumière du Verbe fait homme, l’Église pénètre avec respect plus avant
dans le mystère suprême de l’Incarnation et devient sans cesse plus conforme à
son Époux. En effet intimement entrée dans l’histoire du salut, Marie rassemble
et reflète en elle-même d’une certaine façon les requêtes suprêmes de la foi et
lorsqu’on la prêche et l’honore, elle renvoie les croyants à son Fils et à son
sacrifice, ainsi qu’à l’amour du Père. »
Nature
et fondement du culte de la Sainte Vierge (n°66) :
« A travers l’honneur rendu à sa Mère, le Fils, pour qui tout existe (cf. Col
1, 15-16) et en qui il a plu au Père éternel « de faire habiter toute la
plénitude » (Col 1, 19), peut être comme il le doit, connu, aimé,
glorifié et obéi dans ses commandements. » Le culte marial est « spécial » et a « un caractère
absolument unique ». Il est « essentiellement différent du culte
d’adoration » rendu à la Trinité, il est « éminemment apte à le
servir ».
L’esprit
de la prédication et du culte de la Sainte Vierge (n°67) :
Présentation de la vraie dévotion mariale : « que les fidèles se
souviennent en outre qu’une véritable dévotion ne consiste nullement dans un
mouvement stérile et éphémère de la sensibilité, pas plus que dans une vaine
crédulité ; la vraie dévotion procède de
la vraie foi, qui nous conduit à reconnaître la dignité éminente de la Mère de
Dieu, et nous pousse à aimer cette Mère d’un amour filial, et à poursuivre
l’imitation de ses vertus. »
Marie,
signe d’espérance assurée et de consolation pour le peuple de Dieu en
pèlerinage sur la terre (n°68.69) : « Il faut
que tous les fidèles croyants adressent à la Mère de Dieu et la Mère des hommes
d’instantes supplications, afin qu’après avoir assisté de ses prières l’Église
naissante, maintenant encore, exaltée dans le ciel au-dessus de tous les
bienheureux et des anges, elle continue d’intercéder près de son Fils dans la
communion de tous les saints, jusqu’à ce que toutes les familles des peuples,
qu’ils soient déjà marqués du beau nom de chrétiens ou qu’ils ignorent encore
leur Sauveur, soient enfin heureusement rassemblés dans la paix et la concorde
en un seul Peuple de Dieu à la gloire de la Très Sainte et indivisible
Trinité. »
Le 8 décembre 1965,
lors de la clôture du concile, le pape Paul VI proclame Marie « Mère de
l’Eglise ».
Lumen Gentium n°40. L’appel universel
à la sainteté
Maître divin et modèle de toute perfection, le
Seigneur Jésus a prêché à tous et chacun de ses disciples, quelle que soit
leur condition, cette sainteté de vie dont il est à la fois l’initiateur et
le consommateur : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait » (Mt 5, 48). Et en effet à tous il a envoyé son Esprit pour
les mouvoir de l’intérieur à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme,
de toute leur intelligence et de toutes leurs forces (cf. Mc 12, 30),
et aussi à s’aimer mutuellement comme le Christ les a aimés (cf. Jn
13, 34 ; 15, 12). Appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres mais au
titre de son dessein gracieux, justifiés en Jésus notre Seigneur, les
disciples du Christ sont véritablement devenus par le baptême de la foi, fils
de Dieu, participants de la nature divine et, par la même, réellement saints.
Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de
Dieu, la conserver et l’achever par leur vie. C’est l’apôtre qui les avertit
de vivre « comme il convient à des saints » (Ep 5,3), de revêtir «
comme des élus de Dieu saints et bien-aimés, des sentiments de miséricorde,
de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité » (Col 3, 12),
portant les fruits de l’Esprit pour leur sanctification (cf. Ga 5, 22
; Rm 6, 22). Cependant comme nous nous rendons tous fautifs en bien
des points (cf. Jc 3, 2), nous avons constamment besoin de la
miséricorde de Dieu et nous devons tous les jours dire dans notre prière : «
Pardonne-nous nos offenses » (Mt 6, 12).
Il est donc bien
évident pour tous que l’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la
perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quel
que soit leur état ou leur forme de vie ; dans la société terrestre
elle-même, cette sainteté contribue à promouvoir plus d’humanité dans les
conditions d’existence. Les fidèles doivent s’appliquer de toutes leurs
forces, dans la mesure du don du Christ, à obtenir cette perfection, afin
que, marchant sur ses traces et se conformant à son image, accomplissant en
tout la volonté du Père, ils soient avec toute leur âme voués à la gloire de
Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du Peuple de Dieu
s’épanouira en fruits abondants, comme en témoigne avec éclat à travers la
vie de tant de saints l’histoire de l’Église.
|
[1]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.27.
[2]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p28.29.32.
[3]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.31.
[4]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.34.
[5]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.37.
[6]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.37.38.
[7]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.39.
[8] Gaudium et Spes 93,1 : « Aussi, dociles à l’Évangile et
bénéficiant de sa force, unis à tous ceux qui aiment et pratiquent la justice,
ils ont à accomplir sur cette terre une tâche immense, dont ils devront rendre
compte à celui qui jugera tous les hommes au dernier jour. Ce ne sont pas ceux
qui disent « Seigneur, Seigneur! » qui entreront dans le Royaume des cieux,
mais ceux qui font la volonté du Père et qui, courageusement, agissent. Car la
volonté du Père est qu’en tout homme nous reconnaissions le Christ notre frère
et que nous nous aimions chacun pour de bon, en action et en parole, rendant
ainsi témoignage à la vérité. Elle est aussi que nous partagions avec les
autres le mystère d’amour du Père céleste. »
[9]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.45.
[10]
Christus Dominus 4.
[11] Sur ce thème il serait
important de considérer la relation à la fois fraternelle et libre de l’apôtre
Paul avec l’apôtre Pierre.
[12]
Christus Dominus 15.
[13]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.50.
[14]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.59.
[15]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.64.65.
[16]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.58.60.61.62.
[17]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de Vatican
II, Parole et Silence, 2009, p.67.
[18]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.70.
[19]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.71.72.
[20]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.75.
[21]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.80.
[22]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.81.
La bonne part
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